Qui parle ? Et, d’où parlons-nous ?
Aujourd’hui
ce sont des enseignants corses qui prennent la parole, non pour
revendiquer dans le cadre de leur profession quelques avantages, mais pour
témoigner de la situation inquiétante observée tous les jours un peu
plus. Par delà les idées politiques, les appartenances et les professions, nous
subissons la disparition de notre culture que rien ne vient remplacer. Confrontés
à une jeunesse sans exemples et sans repères, nous révélons ce désœuvrement aujourd’hui pour
vous appeler à un sursaut
indispensable.
Pourquoi cet appel aujourd’hui ?
Nous
vivons, nous Corses, une situation sans précédent depuis Aléria !
Pour
la première fois depuis 25 ans, le gouvernement français reconnaît
tacitement la dimension politique du problème corse. Politique
car, les 25 années de troubles et de fureur ne sont plus, pour le gouvernement,
le fait d’intérêts particuliers qu’il faudrait assouvir mais,
l’expression d’une volonté de faire des choix qui engagent l’avenir de
notre communauté. Pour la première fois le Peuple corse est sommé de se prononcer par le
biais de ses élus. En matière d’éducation, de tourisme,
d’agriculture, d’environnement, de justice, d’impôts, de commerce, etc.,
la question nous est implicitement adressée : Que voulez vous et que refusez-vous pour vous et vos enfants ? Qu’êtes-vous
prêts à mettre en jeu dans ce choix ?
Face à un tel défi, pour lequel nos élus
n’ont pas été mandatés, règne un fatalisme sans pareil, un silence sans précédent
de la population. Peur de la liberté, lassitude produite par les échecs passés
ou aspiration à un bonheur privé, peu importe, le résultat est le même :
l’avenir de la Corse et des corses se décide ailleurs
et sans nous !
Un constat difficile mais indispensable :
-Notre
culture et notre patrimoine disparaissent sans que rien ne les remplace, qui
permette à notre jeunesse de vivre et de vivre bien sur cette Terre.
La perte des gestes et des savoir-faire indispensables à pouvoir vivre en
communauté est à la mesure des menaces qui pèsent sur notre patrimoine
naturel.
-Aucun
repère nouveau, aucun savoir-faire novateur ne permettent d’affronter le
monde moderne sans perdre ce qui fait notre richesse et notre identité.
La reproduction stérile d’archaïsmes nous confine au ridicule, là où
l’importation massive de biens de consommation s’assimile à une fuite en
avant !
Le
développement économique, social, culturel et politique profite toujours à
quelques seigneurs dévoyés lorsqu’il s’appuie sur l’oubli de la culture
et de la langue qui fondent la volonté du peuple.
-L’histoire
ne nous attend pas : Des enjeux
nouveaux sont apparus qui dépassent le cadre français et bouleversent notre
vie quotidienne sans que nous puissions avoir prise d’une quelconque façon
sur ceux-ci.
Nous subissons cela, tous les jours un peu
plus, sans que les moyens nous soient donnés d’en sortir !
Un peuple ne peut maîtriser le développement économique, social,
culturel et politique qu’en cultivant son identité et pour cela, en
disposant des moyens nécessaires à la protection et à l’enrichissement de
son patrimoine.
Mais, le développement économique, social, culturel et politique ne
profite au peuple et ne devient ainsi possible que si des institutions
garantissent l’égalité d’accès aux bénéfices tirés de ce développement !
Que voulons-nous ?
« Les
constats ne valent que par la détermination qui permet de les dépasser ! »
Nous
ne voulons ni devenir une banlieue de Paris à statut particulier,
ni
devenir la Terre des seigneurs du village planétaire !
Nous voulons des institutions
novatrices qui permettent à notre Peuple de vivre dignement sur sa
terre afin d’affronter l’étape européenne et le libre marché avec détermination
et lucidité.
Nous voulons des mesures
permettant à notre jeunesse de
disposer librement de son avenir
et de s’approprier son passé. Pour cela, la Corse doit devenir une région
pilote pour un nouveau système éducatif dans le cadre d’une mise hors-norme.
Nous voulons une consultation
raisonnée du peuple corse sur les grands thèmes qui engagent son avenir !
Parce qu’il est devenu aujourd’hui urgent de démontrer l’existence d’un peuple digne et vivant,
nous invitons les organisations politiques et syndicales, ainsi que les associations, les groupes culturels et les personnalités insulaires soucieuses de l’avenir de la Corse et de son identité, à appeler publiquement, par voie de presse à cet indispensable sursaut.
Per un’populu vivu !
Per un’populu vivu !